Besnoitiose, la maladie qui s’achète
L’inéluctable remontée vers le Nord de la France
La Besnoitiose est une maladie parasitaire connue depuis toujours en Ariège et qui au fil des années s’est étendue au gré des ventes de bovins ou des estives à une grande partie de la France.
Aujourd’hui, le Grand-Est semble peu impacté par cette pathologie mais quelques foyers y ont été découverts depuis 2 ans, dont un important en Centre Meuse à l’automne 2017. Force est de constater que nous ne sommes plus à l’abri d’introduire cette maladie dans nos élevages
Ceci doit mettre en alerte les éleveurs, notamment lors d’achats de bovins afin d’éviter au maximum d’introduire cette maladie incurable sur notre territoire.
Une maladie incurable non tolérable en élevage
C’est une maladie parasitaire due à un protozoaire Besnoitia Besnoiti. Elle est transmise par les piqûres d’insectes hématophages (taons, stomoxes (mouches), …) et par l’utilisation d’aiguilles à usage multiple dans les élevages infectés.
Elle se propage par les mouvements d’animaux infectés qui sont porteurs et contagieux à vie et qui, s’ils présentent des signes cliniques (ce qui n’est pas toujours le cas), ne peuvent en être guéris. Tous les bovins quels que soient leur race et leur âge, peuvent être infectés, même si les jeunes à partir d’un an et les taureaux semblent être les plus sensibles. La Besnoitiose touche souvent quelques individus dans un troupeau, mais parfois des lots entiers de génisses sont contaminés donnant à la maladie une allure pseudo-épidémique.
Sauf cas exceptionnels, la Besnoitiose est responsable d’une mortalité assez faible. En revanche, elle entraîne des pertes économiques très importantes comme de la baisse de production, de l’infertilité (taureau stérile), une moins-value économique des animaux commercialisés, la réforme précoce des bovins atteints (voire leur euthanasie), un coût élevé et la contrainte des traitements longs pour des résultats souvent peu probants.
La Besnoitiose est une maladie non réglementée, mais dont les conséquences sur les troupeaux atteints nécessite un encadrement et un accompagnement de la profession car une fois installée sur un territoire, elle y progresse très rapidement.
Signes cliniques et détection
Les signes cliniques se manifestent en trois phases :
- Phase fébrile avec une forte fièvre, isolement, perte d’appétit, essoufflement, larmoiement, jetage clair, peau chaude et douloureuse, congestion des muqueuses (durée = 7 à 10 jours).
- Phase d’œdèmes qui se forment sous la peau, hypertrophie testiculaire, déplacement difficile (durée = 1 à 3 semaines).
- Phase de dépilation et de sclérodermie, épaississement de la peau (peau d’éléphant), crevasses aux articulations (avec surinfection), dépilation diffuse, apparition de kystes dans la sclère oculaire (blanc des yeux), absence de démangeaison, amaigrissement jusqu’à la mort ou l’euthanasie (durée = plusieurs mois).
Illustration 1 : dépilation et sclérodermie
Illustration 2 : dépilation et sclérodermie
Illustration 3 : kystes dans sclère oculaire
Il n’existe aucun traitement ni vaccin. Un animal infecté le restera toute sa vie.
La détection de la maladie pose un réel problème : méconnaissance des éleveurs, premiers symptômes peu visibles et non spécifiques (les premiers symptômes peuvent être confondus avec la FCO, des bronchopneumonies, le coryza gangreneux, photosensibilisation,…), et c’est une maladie qui apparaît principalement en été, donc en période de moindre surveillance des animaux.
Le recours à la prise de sang (test sérologique) est le seul moyen de confirmer l’infection.
Comment s’en prémunir ?
Aujourd’hui les facteurs de risques sont bien connus et sont par ordre de priorité :
- L’introduction de bovins porteurs du parasite dans un élevage,
- Le mélange d’animaux de troupeaux différents (estive, divagation…)
- Le voisinage de troupeaux infectés (uniquement si les troupeaux sont proches).
La première barrière que l’on peut donc ériger contre ce parasite est le contrôle des bovins avant leur introduction dans nos élevages.
Soyons pro-actif : ne laissons pas entrer ce parasite sur notre territoire !
Là encore, selon l’origine, la race et la destination des bovins achetés, le risque n’est pas le même. L’achat de broutards pour l’engraissement en bâtiment isolé et totalement clos présente moins de risque que l’achat d’un taureau reproducteur par exemple. Si statistiquement, les bovins issus du Grand Est ont moins de risques d’être atteints de Besnoitiose, rien ne permet à l’heure actuelle de connaître l’étendue de la maladie dans notre région.
C’est à cela que les GDS du Grand-Est travaillent actuellement, pour élaborer un protocole commun de gestion et de prévention de la Besnoitiose, avec les plus grands spécialistes de cette maladie en France : le Dr JP Alzieu (LVD Ariège) et le Pr Ph. Jacquiet (Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse).
Dans tous les cas, dès aujourd’hui, il est préconisé de faire réaliser des prises de sang sur TOUS les bovins reproducteurs achetés (génisses, vaches ou taureaux), quelle que soit leur origine, y compris s’ils proviennent de régions « moins à risques » mais en étant particulièrement vigilant sur les bovins issus du sud de la France (sous la ligne Lyon Nantes → voir la carte ci-dessous).
Pour plus de facilité, les analyses peuvent être réalisées avant la vente.
Remplissez pendant la vente un Billet de Garantie Conventionnelle pour pouvoir retourner un animal dépisté non négatif.
Les GDS se tiennent à votre disposition pour toute question relative à la Besnoitiose et aux risques potentiels liés aux achats de bovins (races, origine géographique, destination des bovins…).
Pour en savoir plus :
- Gestion du foyer Meusien (Echo du GDS Meuse – mars 2018 – voir page 2)