La Fièvre Q : risques avérés pour la santé et l’économie de l’élevage et pour la santé humaine
La fièvre Q est une pathologie fréquente dans les élevages de chèvres, d’ovins et de bovins (par ordre d’importance). 1/3 des élevages de ruminants sont concernés de près ou de loin par la FQ, ces chiffres rejoignent d’ailleurs les premières conclusions des sondages réalisés auprès des élevages volontaires de Meurthe-et-Moselle. Cette pathologie est de plus en plus mise en évidence dans des cheptels suite notamment à des avortements ou des troubles de la reproduction. Elle peut cependant passer inaperçue et dans tous les cas provoque de lourdes pertes économiques. Le GDS 54 propose aux éleveurs désireux de connaitre leur statut un plan de sondage financé en partie par le GDS et le laboratoire CEVA. De même, depuis le 1er janvier 2025, un plan d’assainissement avec aide à la vaccination est disponible pour les éleveurs subissant la maladie.
Un agent infectieux difficile à contenir
Coxiella burnetii, la bactérie responsable de la fièvre Q, est excrétée dans le milieu par les animaux infectés de façon massive au moment de la mise-bas, dans les secrétions vaginales, les bouses et le lait. L’excrétion peut cependant être intermittente, même par des animaux d’apparence sain et en dehors des mises bas.
Elle est ensuite dispersée par voie aérienne majoritairement par nuage de gouttelettes ou dans les poussières sur de longue distance en fonction de l’intensité du vent.
La bactérie est également très résistante dans le milieu extérieur, de l’ordre de plusieurs mois voire plusieurs années. Elle résiste aux produits de désinfection classiques et au procédé de méthanisation.
Tous ces caractéristiques rendent Coxiella brunetii particulièrement difficile à maitriser sur l’exploitation en l’absence de vaccination.
Problèmes de reproduction et zoonose pour l’homme
Même si l’infection par la Fièvre Q peut passer inaperçue, elle se manifeste généralement par des soucis de reproduction : avortements en fin de gestation, naissances de nouveaux nés chétifs, mises-bas prématurées, métrites rebelles aux traitements, infertilité, TRIA en baisse, retours en chaleur, … Chez les bovins, la vache avorte en général une fois puis il n’y a plus de problème cliniquement visible. Chez les petits ruminants, on observe souvent des « épidémies » avec des taux d’avortement très importants pouvant atteindre 90% du troupeau.
La fièvre Q est une zoonose transmissible à l’Homme par inhalation. Les symptômes sont le plus souvent bénins et s’expriment sous forme d’état pseudo-grippal (fièvre, courbatures, fatigue). En revanche, elle peut provoquer des atteintes graves pour les personnes les plus à risque comme les femmes enceintes, les personnes fragiles, immunodéprimées et à risque cardio-vasculaire.
En cas d’atteinte, des mesures de précaution doivent être appliquées, notamment pour protéger le personnel féminin et les personnes à risque en rapport de près ou de loin avec l’élevage. De même, les fermes ouvrant leurs portes au public devraient au minimum connaitre leur statut vis-à-vis de la fièvre Q, arrêter les visites lors des mises-bas ou éloigner les visiteurs du box et mettre en place une vaccination.
Investiguions nécessaires lors d’avortement ou de fertilité dégradée
Un avortement dans le troupeau (hors bousculade) ou un bilan repro non satisfaisant ne devraient jamais rester sans suite. Il est nécessaire de se faire accompagner par son vétérinaire ou son GDS pour mener des investigations, variables en fonction de la situation épidémiologique et de l’historique de l’élevage.
En ce qui concerne la fièvre Q, le diagnostic est complexe et repose sur la multiplication des prélèvements et des méthodes. En cas d’avortement, les examens vétérinaires se font sur écouvillon pour un diagnostic direct (prélèvements vaginaux sur les femelles avortées ou prélèvement d’organe sur l’avorton – PCR) et/ou par prélèvements de sang (sérologie). En cas de troubles de la reproduction récurrents, un sondage du troupeau peut être réalisé pour établir le statut FQ de l’exploitation (voir encadré). Il peut s’effectuer de différentes façons et répété dans le temps : recherche de la bactérie dans lait de grand mélange, prélèvement sérologique sur un lot de femelles à problème de fertilité, voire recherche dans la litière ou dans les poussières du bâtiment.
La recherche de la Fièvre Q se fait en parallèle d’investigations menées sur les autres pathologies impliquées dans les avortements comme la néosporose et la BVD pour les bovins, ou la chlamydiose et toxoplasmose pour les petits-ruminants.
Biosécurité et vaccination
En cas d’infection avérée, l’élevage peut mettre en place une vaccination et renforcer les mesures sanitaires. Le GDS et votre vétérinaire vous accompagnent et un plan de lutte spécifique peut être débuté (voir encadré). A noter que la Fièvre Q n’est pas une maladie à déclaration obligatoire, elle ne donne lieu à aucune mesure de gestion réglementaire (sauf lors d’épisode de cas humains groupés).
Plusieurs mesures de biosécurité sont à adopter : isolement des avortées, gestion rigoureuse des délivrances et avortons, hygiène du box, gestion spécifique des effluents, éloignement des personnes à risque et suspension des visites, etc. La bactérie étant aéroportée, l’épandage des effluents est un moment à risque particulier. Il est recommandé d’épandre par temps calme et non venteux et d’enfouir les matières (fumier/lisier/digestat).
La bactérie étant très résistance et infectante, la vaccination est la seule mesure à long terme de maitrise de la fièvre Q en élevage. Elle se fera pendant 5 ans minimum sur toutes les femelles, y compris sur les très jeunes (à partir de 3 mois), pour casser le cycle de contamination. Lors de la découverte de cette pathologie dans un élevage en pleine période de mise-bas, une antibiothérapie peut être faite pour éviter les avortements, cependant elle ne peut se substituer à la prévention vaccinale, est onéreuse et n’empêche pas l’excrétion ni la diffusion du germe dans l’élevage.
En cas de suspicion ou de résultat positif, votre vétérinaire et le GDS pourront vous accompagner dans votre démarche.
Claire Dargent Penné, GDS54
Plan de sondage du GDSLe GDS 54 vous accompagne financièrement et techniquement pour le dépistage volontaire dans vos élevages, en partenariat avec laboratoire CEVA ! Des analyses simples et peu coûteuses sont à votre disposition : – Eleveur de bovins laitiers → PCR sur lait de tank – Eleveur de bovins allaitants → analyse sérologique sur 10 vaches à problèmes de reproduction (prise de sang) – Eleveur de petits-ruminants laitiers → PCR sur lait de tank – Eleveur de petits-ruminants allaitants → PCR d’environnement sur litière accumulée Reste à charge de l’éleveur jusqu’au 31/12/2025 : 1/3 du coût des analyses ! Tarifs pleins 2025 au LVAD 54 : PCR LGM = 39,98€ / Sérologie unitaire = 8,42€ / PCR envir. : 44,68€ Les premières conclusions des dépistages réalisés dans 42 élevages de Meurthe-et-Moselle indiquent que 33% de ces élevages ont un statut positif ou douteux (majoritairement bovins). |
Plan de lutte du GDSLe GDS 54 vous accompagne financièrement et techniquement pour l’assainissement de votre troupeau bovin. – Accompagnement financer pour la vaccination – Engagement sur une durée de 5 ans – Engagement pour la mise en œuvre de mesures de biosécurité lors des vêlages et de l’épandage des effluents, de protection des intervenants en élevage, de communication de son statut, lors de mouvements d’animaux. En partenariat avec le Groupement Technique Vétérinaire du Grand Est |
Illustrations (source : CEVA)

