Témoignages : une vaccination FCO 3 qui coule de source
Témoignage de François Porco, éleveurs de moutons
François PORCO s’est installé récemment à Lantéfontaine près de Briey avec une troupe de 350 brebis en double actif. Comme pour d’autres éleveurs du secteur, le virus suit son avancée et atteint son élevage à la fin du mois d’août. Après plusieurs semaines de recul, il constate aujourd’hui une accalmie due à la vaccination précoce et massive.
Cet été, l’éleveur suit les actualités de l’avancée du virus depuis l’étranger et commande ses doses vaccinales FCO 3 auprès de son vétérinaire dès que cela a pu être possible. A son retour, il rentre ses brebis en bâtiment et débute la vaccination, mais il subit les premiers cas le 24 août. « Ce sont les brebis qui étaient dehors derrière le bâtiment qui ont été touchées, celles présentant de forts symptômes n’ont pas pu être sauvées malgré les soins. Heureusement, les béliers et celles à agneler étaient rentrés depuis plusieurs semaines ».
A ce jour, il déplore 7 brebis mortes, plusieurs avortements et des pertes d’état. « Par rapport à des collègues du secteur, je ne me plains pas, d’autres ont été plus touchés que moi. Le fait de les avoir rentrées tout de suite a permis de minimiser les pertes, ainsi que la vaccination très précoce ».
Pour le lot de brebis à agneler dès septembre, il craint des effets secondaires du vaccin « le manque de recul sur le vaccin m’a fait hésiter pour ce lot particulièrement fragile », mais après quelques jours de réflexion et renseignements auprès de sa coopérative, vétérinaire et de collègues belges et ardennais, il réalise ses dernières vaccinations. « Je n’ai observé aucun effet secondaire sur le troupeau ».
10-12 jours après l’injection, il indique déjà ressentir les effets protecteurs du vaccin avec un ralentissement des cas ; ressenti partagé également par ses voisins éleveurs de moutons. Aujourd’hui, plus de 21 jours après vaccination, il espère que la maladie est derrière lui. « Nous éleveurs, on aurait tendance à trouver tout ça abstrait jusqu’à ce que l’on soit touché de plein fouet. La maladie est présente et les retours sur la vaccination sont très favorables, cela porte ses fruits alors il ne faut pas hésiter » conclu-t-il. « Nous allons maintenant organiser des tests de fécondité des béliers avec la coopérative pour vérifier la fertilité des béliers et anticiper les mauvaises surprises pour la prochaine mise en lutte ».
Témoignage de Samuel Peultier, éleveur de bovins laitiers
Pour lui non plus, pas question de faire l’impasse sur la vaccination FCO 3. Samuel PEULTIER, installé depuis 10 ans au Gaec Saint Epvre dans le Saintois avec un troupeau de 150 vaches laitières, a rapidement commandé ses doses vaccinales auprès de son vétérinaire. Toutes les femelles adultes et plus jeunes ainsi qu’une bonne partie des mâles ont été vaccinés fin aout.
« Avec le souvenir de toutes les maladies que notre troupeau a dû traverser notamment la fièvre Q, la paratuberculose, le BVD et maintenant la FCO, ce que j’en retiens c’est que les vaccinations ont toujours sécurisé la santé du troupeau et donc nos revenus.
Mes amis de BTS qui ont été impactés avant nous dans le nord des Ardennes m’ont averti du risque et des pertes de production importantes causées par la FCO 3. Aujourd’hui, dans le contexte économique et avec un troupeau à 38kg de moyenne, nous avons des charges trop importantes pour envisager une baisse des produits, il faut sécuriser les revenus grâce au préventif ».
Le troupeau a été vacciné dès le vaccin reçu. Il a fallu seulement 1h30 pour vacciner les vaches en production et une partie des génisses, au niveau du creux de la queue. « Quand la contention est efficace et avec un pistolet qui va bien, c’est rapide ». La manipulation n’a donc pas été un frein.
Après vaccination, l’éleveur constate une baisse de vivacité des vaches et des membres enflés pendant quelques jours, mais aucune baisse de lait ni d’ingestion.
Témoignage de Florian Spieser, vétérinaire rural
Installés dans le Pays-Haut du département, à Longuyon, le Docteur SPIESER et ses associés sont en première ligne FCO 3. Plusieurs élevages de la clientèle sont atteints, cela a débuté à la mi-août. « On observe une symptomatologie très variable d’un élevage à l’autre : du bovin asymptomatique, parfois juste de la fièvre et baisse de production laitière, parfois avortement, et dans les cas les plus flagrants : abattement, salivation, rougeurs et croutes sur mufle, larmoiements et enfin dans certains cas la mort du bovin. On note également une différence nette entre les vaches allaitantes et les laitières, les allaitantes semblent moins touchées cliniquement, mais les élevages subissent des naissances prématurées et des veaux avec des malformations cérébrales ou des atteintes oculaires ».
Les éleveurs de la clientèle adhèrent à la campagne de vaccination mise en place par l’Etat et les retours terrain sont bons, avec peu d’effets secondaires observés. « Nous avons eu pour certains une réticence à vacciner par peur de faire avorter, mais il faut mettre de côté cette fausse croyance. En effet, le vaccin étant un vaccin inactivé, ce n’est pas du virus vivant qui est injecté, on ne rend donc pas l’animal malade ».
Avec maintenant plusieurs semaines de recul, un effet immunisation des troupeaux semble déjà se faire sentir, notamment chez les éleveurs d’ovins « qui notent un moins grand nombre de morts et de cas cliniques. Chez les bovins, l’immunité est plus lente à se mettre en place du fait des 2 injections à faire, on ne ressent donc pas encore pleinement les effets de la vaccination ». Il faut compter 14 jours environ pour voir un début d’immunité protectrice.
Etant en zone atteinte, certains se disent également que la vaccination est trop tardive, et s’il est vrai que l’idéal est de vacciner en zone saine, le vétérinaire rappelle que « l’expérience belge et hollandaise a démontré l’intérêt de vacciner même en zone contaminée. Le but étant de « prendre de l’avance sur le virus ». Même si le protocole de vaccination n’est pas encore complet, si le système immunitaire de l’animal peut gagner quelques jours d’avance pour « apprendre à combattre le virus » c’est toujours à prendre ».
Son message de conclusion est simple : vacciner ! « Vaccinez pour protéger vos élevages et vos revenus ». Il souligne d’ailleurs que la vaccination contre les sérotypes 4 et 8 de la FCO et contre la MHE est à envisager sérieusement cet hiver. En effet, ces maladies remontent vers notre région, et « même si ces vaccins sont payants, si on fait la balance entre le coût de ces vaccinations par rapport aux bénéfices attendus, ce n’est pas comparable avec les risques de pertes d’animaux et de production, le coût des soins aux animaux malades, le stress de l’éleveur qui subit la maladie, … ». Il ne faut donc pas attendre pour se protéger.