MALADIES ÉMERGENTES (FCO, MHE, …) : peut-on s’en prémunir ?

Le GDS 54 organisait le 8 avril dernier une réunion d’information sur l’arrivée des maladies émergentes sur notre territoire et sur les outils à notre disposition pour faire face à leur arrivée et tenter de minimiser l’impact sanitaire sur nos cheptels. Deux experts ont pu échanger avec la salle : le docteur Bourdet et Apolline Bleuse, respectivement, vétérinaire praticien dans le Doubs et nutritionniste.

La Meurthe-et-Moselle se trouve à la confluence de l’émergence de 3 pathologies : FCO 8, FCO 3 et MHE. Ces maladies émergentes ont une dynamique et une réalité beaucoup plus importante liée à la globalisation des échanges et à la modification du climat. Le président du GDS Hervé Dartoy, tenait ainsi sa première réunion publique avec l’objectif d’informer les éleveurs sur la propagation de ces sérotypes et de préserver au mieux la santé de nos troupeaux.

Le Docteur Bourdet a en premier lieu expliqué les maladies vectorielles et leurs impacts. Ce sont des maladies transmises par des moucherons femelles qui se nourrissent de sang (culicoïdes). Leur atteinte est variable d’un élevage à l’autre. Il a décrit les signes cliniques correspondant ainsi que l’état des lieux épidémiologique dans les départements qui ont été touchés à l’automne dernier. L’activité vectorielle a déjà repris avec plusieurs semaines d’avance, comme en témoigne d’ailleurs la douceur estivale de ce 8 avril 2024.

Le symptôme majeur est une forte fièvre, qu’il convient de surveiller (mais aussi perte d’appétit, abattement, avortements, etc.). D’autres symptômes évocateurs : démarche raide, œdèmes, croûtes au niveau du mufle, jetage nasal, etc. « Pour la MHE, un ulcère au niveau du bourgeon des incisives est caractéristique de la maladie » précise-t-il. La surveillance quotidienne des animaux est alors fondamentale pour repérer précocement ses animaux atteints.

S’il existe un vaccin pour la FCO 8 dont l’utilisation est recommandée, ce n’est pas le cas pour la FCO 3 et la MHE.

En termes de précaution et de biosécurité, la gestion des points d’abreuvement a été jugée fondamentale. En cas de passage viral sur le troupeau, l’accès à beaucoup d’eau est indispensable pour se rétablir de la fièvre.  « Il ne faut pas hésiter à ajouter un bac temporairement dans la stabulation ou en pâture » conseille-t-il.

Autre point essentiel, faire la chasse aux zones humides non naturelles où l’eau résiduelle stagne comme dans les flaques d’eau en sortie de parc, par exemple, ou dans les pneus des silos, etc. pour éviter la pullulation des culicoïdes.

Autant que possible, éviter d’acheter des bovins à l’extérieur de notre région, au risque d’accélérer l’arrivée de la maladie sur notre territoire.

En cas de maladie, les injections d’antipyrétique et anti-inflammatoire peuvent aider à faire diminuer la fièvre et la douleur, et donc les impacts de la maladie. Cela a montré son intérêt dans les élevages foyers du sud-ouest (à gérer avec son vétérinaire).

Concernant l’application systématique de produits antiparasitaires dans un but de protection contre les vecteurs, l’avis du Docteur Bourdet est plutôt mitigé. Pour une couverture efficace, l’application doit être répétée environ toutes les trois semaines (variable en fonction des précipitations). A ce rythme, on peut ainsi fortement douter de la balance coût/bénéfice pour l’élevage. En contrepartie, l’impact environnemental et la création d’accoutumance au produit sont bien réels, avec l’apparition de culicoïdes résistants aux antiparasitaires. En revanche, désinsectiser précocement et de façon répétée est fondamentale pour limier la propagation du virus.

Apolline Bleuse a enchaîné sur l’importance de garder un équilibre entre l’environnement et les défenses de l’animal. Elle a fait le parallèle entre l’épisode de COVID pour lequel le virus pouvait impacter très différemment chaque personne, en fonction de son état de santé. Ce parallèle a été confirmé par les études menées par la plateforme d’épidémio-surveillance ESA, qui démontre une réelle variabilité de l’impact des pathologies entre les cheptels et les individus en fonction de l’état de santé initial du troupeau.

La nutritionniste a rappelé l’importance d’une alimentation équilibrée et appétante, de l’abreuvement en quantité et en qualité également, et de la complémentation en minéraux, vitamines et oligo-éléments, en particulier, le sélénium. Ce dernier est en effet indispensable pour l’obtention d’un bon niveau d’immunité. Apolline Bleuse a aussi pis l’exemple du calcium qui joue un rôle direct dans le mécanisme de l’immunité (fonctionnement des macrophages) ; il convient donc de prévenir au maximum l’hypocalcémie par la gestion de la BACA en fin de gestation, une ration aux taries sur-mesure ou encore une complémentation systématique en calcium dès la 3ème lactation.

Le challenge immunitaire est d’autant plus grand que les animaux sont soumis au stress, qu’il soit thermique, oxydatif, social, transition … «  celui-ci agit comme un lessivage des minéraux oligoéléments vitamines, un point auquel on ne pense pas forcément en première intention ».

Les échanges après la présentation ont été riches entre les intervenants et l’assemblée afin de répondre aux interrogations de chacun.

Pour ceux qui n’ont pas pu assister à cette réunion locale et qui se questionnent, un webinaire en ligne est proposé par le GDS le 26 avril 2024 de 10 à 12h (cf. information ci-dessous).

Sinon, la vidéo de la réunion sera disponible sur le site internet du GDS en replay (à venir)

Source : GDS 54, mise à jour le 15 avril 2024.