Accueil du public à la ferme : précautions sanitaires à prendre pour éviter la transmission de zoonoses

L’accueil du public est une occasion unique de rencontrer, échanger avec le public et communiquer sur le métier d’éleveur. Afin d’accueillir les visiteurs dans les meilleures conditions, des précautions particulières doivent être mises en place notamment vis-à-vis des zoonoses (= maladies transmissibles des ruminants à l’homme et inversement). C’est principalement en période de mises-bas, ou lors d’avortements ou d’épisode clinique de maladie sur le troupeau que les risques pour les visiteurs sont importants. Pour un accueil serein, voici ci-dessous les précautions sanitaires à prendre.

Identifier les risques sanitaires

Les zoonoses sont des maladies transmissibles de l’animal à l’homme et inversement. Les maladies se contractent par contact direct en touchant un animal (teigne, dartre, poux, …), par voie orale en portant les mains sales à la bouche (salmonellose, colibacilloses, cryptosporidiose…) ou encore par voie respiratoire en inhalant des poussières contaminées (fièvre Q …). Connaître les problèmes sanitaires de l’élevage permet de mieux adapter les mesures à prendre pour le troupeau et lors d’accueil du public.

Repérer et isoler les animaux les plus à risque

Les catégories d’animaux les plus à risque quant à la transmission ou l’acquisition des zoonoses sont les suivantes : les animaux malades (diarrhée, porteurs de lésions cutanées, …), les femelles ayant avorté dans les semaines précédentes, les femelles allant ou venant de mettre bas et les nouveau-nés (de  0  à  1  mois). Il est important d’isoler ces catégories d’animaux et de placer les animaux malades dans un endroit non accessible aux visiteurs.

Appliquer les bonnes pratiques de gestion des mises-bas et des avortements

Il faudrait éviter autant que possible de faire des visites pendant la ou les périodes de mises-bas. Si cela n’est pas possible, isoler les femelles parturientes dans un local spécifique interdit d’accès au public est nécessaire. Les délivrances ou produits de mises-bas ne doivent pas être accessibles car ils sont toujours porteurs de nombreux germes potentiellement contagieux à l’Homme. Attention de faire en sorte que chiens et chats n’aient pas accès aux délivrances au risque de les déplacer dans la ferme (= dissémination des germes) pour les manger ensuite (= contaminations puis recyclage – ex. : Néosporose, Toxoplasmose). En cas d’avortement, la déclaration au vétérinaire est obligatoire dans le cadre de la surveillance de la Brucellose. Lors d’avortements à répétition, qu’ils soient rapprochés dans le temps (> 2 avortements en 30 jours en élevage bovin et > 3 avortements en 7 jours en élevage petits-ruminants) ou plus espacés, des recherches plus approfondies peuvent être engagées avec le vétérinaire pour trouver l’origine infectieuse. Le GDS dispose d’un plan de maîtrise des avortements à répétition, aidé techniquement et financièrement : n’hésitez pas à nous contacter à ce sujet. Dans une telle situation, il est impératif d’arrêter les visites dans l’attente de résultats favorables et de mesures de protection appropriées. Lors de cette période sensible, les femmes enceintes doivent être prévenues et invitées à ne pas participer à la visite (risque important vis-à-vis de la Fièvre Q notamment), de même que toutes personnes ayant une santé fragile, notamment les très jeunes enfants.

En cas de Fièvre Q ou de Chlamydiose, la vaccination du troupeau peut être envisagée afin de limiter les avortements et diminuer l’excrétion de bactéries par les animaux.

Sécuriser et baliser le parcours de visite

Il va de soi qu’un parcours de visite sécurisé est un gage de sécurité et de sérénité pour tout le monde (pas de matériel dangereux ou souillé, pas de trous ni obstacles au sol, …). Penser à baliser le parcours permet également de définir les zones accessibles ou non aux visiteurs et les consignes à respecter (plan, panneaux et consigne à afficher à l’entrée de l’exploitation). Sur ce plan, toutes les zones ou objets interdits doivent être clairement identifiés, par exemple barrés d’une croix rouge : fourche, litière, aliments, matériels de soins, pharmacie, local phytosanitaire, box de mises bas, infirmerie … Aussi, sur les panneaux destinés à informer les visiteurs et à attirer leur attention sur les précautions à prendre, on pourra y lire les messages suivants (exemple) : ne pas sortir du parcours balisé, ne pas toucher le matériel agricole, ne pas entrer dans les cases des animaux sans la présence et l’autorisation de l’éleveur, ne pas toucher les aliments des animaux, ne pas manger, boire ou fumer au contact des animaux et près des aliments du bétail, se laver les mains avant et après la visite de l’exploitation, prévenir que la visite est déconseillée aux femmes enceintes, aux enfants en bas âge, aux personnes allergiques et aux personnes immunodéprimées, etc…

Prévoir des mesures d’hygiène générales pour les visiteurs

Enfin, les visiteurs doivent avoir accès à un point de lavage des mains (eau potable, savon et essuie-main – à défaut, mettre à disposition du gel hydroalcoolique), d’autant plus s’il existe une zone de restauration ou de pique-nique sur la ferme. Des surbottes peuvent également être mises à disposition. Enfin, les risques liés à l’environnement seront limités : stocker le fumier à l’écart du parcours emprunté par les visiteurs, ne pas pailler, curer, ni épandre pendant les visites, bannir la manipulation de produits phytosanitaires en présence du public, …

GDS 54- C.Dargent


Précaution accrue vis-à-vis de la Fièvre Q

La fièvre Q est une zoonose très répandue dans les élevages de ruminants. En France, une étude de séroprévalence a montré que plus de la moitié des troupeaux caprins et ovins et près de 30% des troupeaux bovins y seraient exposés. Chez l’Homme, de nombreux cas d’épidémies ont été rapportés en France et en Europe.  Quelque 200 hospitalisations sont signalées chaque année en France et ce nombre est certainement sous-estimé. Les fermes accueillant du public sont donc très concernées par les risques de transmission de la fièvre Q. Les éleveurs et leurs personnels, les visiteurs, les personnes au voisinage d’un site infecté, et aussi les intervenants en élevage, les personnels d’abattoir et de laboratoire, peuvent être contaminés lors de cas de fièvre Q dans le troupeau. 40% des vétérinaires disent suspecter la fièvre Q en élevage, au moins une fois par an au cours de leur exercice.

Pour en savoir plus sur la maladie et les mesures de protection,consultez les plaquettes de GDS France ci-dessous :

Source : Comité fièvre Q – GDS France, IDELE, INRAE, Oniris, SNGTV