Les éleveurs se forment à l’écornage efficace, facile et sans douleur !

Si vous avez suivi les réunions de secteur du GDS 54 de cet automne, vous n’êtes pas passés à côté du thème technique qui vous a été brillamment exposé par le Dr vét. Jean-Pierre Bailly, à savoir : « La douleur animale : pourquoi s’en préoccuper et comment la gérer ? ». Il en ressortait que bien prendre en charge la douleur d’un animal avant un acte particulier ou durant une maladie était très bénéfique pour sa récupération et l’amélioration de son état de santé. L’écornage des veaux faisait évidemment partie des exemples cités comme particulièrement douloureux et marquant pour le veau.

Dans la continuité de cette prise de conscience, que chacun des acteurs de l’élevage devrait avoir désormais et qui va bien au-delà du simple respect du bien-être animal, nous souhaitions faire une illustration concrète de cette approche en proposant dès le début de l’année des TP sur l’écornage des veaux (Travaux Pratiques).

Ainsi, 3 TP d’une demi-journée ont donc été organisés avec 3 cabinets vétérinaires de Meurthe-et-Moselle et animés par Alain DELVAL, technicien chez Boehringer- Ingelheim, laboratoire ayant réalisé de nombreux travaux sur la prise en charge de la douleur animale. Retour sur ces formations on ne peut plus pratico-pratiques…

Plantons le décor tout de suite : pour faire un écornage rapide, facile, sans stress et sans douleur il faut intervenir sur des veaux jeunes (2 à 4 semaines idéalement) et utiliser 3 produits : un calmant, un anti-inflammatoire et un anesthésique local ! Si, dès le départ, la majorité des éleveurs étaient dubitatifs quant à cet arsenal thérapeutique à utiliser, la facilité de mise en place de ces injections et de l’écornage lui-même a été déconcertante tant cela s’est fait dans le calme, sans douleur et avec une contention aisée.

 

Ébourgeonnage ou écornage : c’est une histoire d’anatomie

Plutôt qu’écornage, nous devrions parler d’ébourgeonnage, tant que cela se fait avant 2 mois. Comme l’illustre le schéma ci-dessous, au départ le veau n’a pas une véritable corne mais un bourgeon cornual, flottant dans la peau qui peut alors être facilement détruit par cautérisation. Cautériser les vaisseaux sanguins qui irriguent ce bourgeon cornual permet de stopper la pousse de la corne.

On comprend également à travers ce schéma que dès que l’animal a de petites cornes, celles-ci sont directement soudées aux os du crâne et reliées aux sinus frontaux : l’écornage sera alors d’autant plus douloureux et risqué au niveau infectieux !

Source schéma : Ecorner les jeunes bovins efficacement, facilement et sans douleur – RMT BEA

 

Les étapes du chantier d’ébourgeonnage : faire plusieurs veaux en même temps

La prise en compte de la douleur par l’éleveur a été actée par les pouvoir public et les vétérinaires depuis le printemps 2016. Quel que soit l’âge, l’écornage est douloureux pour l’animal et l’éleveur doit donc prendre en charge cette douleur. Celle-ci se définit selon trois composantes : le stress dû à la manipulation et la contention, la douleur aiguë lors de la brûlure des tissus et l’inflammation des tissus cautérisés qui peut persister au moins neuf heures après l’intervention. D’où l’intérêt de réaliser les 3 injections suivantes :

  1. l’utilisation d’un sédatif permet de réduire le stress de l’animal : le veau est très calme
  2. l’anti-inflammatoire permet de réduire l’inflammation et la douleur inhérente à cette inflammation
  3. l’anesthésique local efface la douleur instantanée : le veau ne sent rien pendant la manipulation

Si la réglementation recommande de réaliser l’écornage des animaux de plus de quatre semaines sous anesthésie locale ou générale, elle n’est pas obligatoire pour les veaux de moins de quatre semaines mais TRÈS FORTEMENT RECOMMANDÉE !

Les injections de l’anti-inflammatoire et du sédatif se font en premier.

Ensuite, le temps de préparer le matériel, faire chauffer le fer, … le sédatif aura fait son effet et il sera temps de procéder tout d’abord à la tonte de la zone à ébourgeonner (à l’aide d’une petite tondeuse à barbe), puis à l’anesthésie locale (dans une zone bien précise appelée « salière »). Le temps de faire ces opérations sur plusieurs veaux, l’anesthésique aura fait son effet sur le 1er veau : le moment de cautériser les tissus sera venu. Pour cela, l’utilisation d’un fer à gaz qui monte à des températures élevées sera préférable aux fers classiques électriques. Plus la chaleur sera importante, plus l’ébourgeonnage sera rapide.

 

Ne pas dépasser la ligne blanche !

Un repère permet de savoir si vous avez suffisamment brulé la peau autour du bourgeon cornual : il s’agit d’un anneau de cautérisation blanc ou ligne blanche (voir photo ci-contre).

Une fois que la peau est suffisamment brulée et après avoir vérifié l’apparition de cette ligne blanche, l’application d’un spray antiseptique va permettre d’une part de limiter les infections ultérieures et surtout de refroidir la plaie et donc de réduire l’inflammation et la douleur.

Source photo : Écorner les jeunes bovins efficacement, facilement et sans douleur – RMT BEA

 

Stop à l’ébourgeonnage chimique !

Les pâtes ou crayons à pH basique ne doivent plus être utilisés car ils sont bien plus douloureux que les fers thermiques. Si le veau est calme au moment de l’application du produit, il va ressentir petit à petit une douleur de plus en plus forte et persistante, durant plusieurs jours ! Car l’objectif de ces produits est de ronger les tissus afin de « cautériser » le bourgeon cornual. Or une fois appliqué, impossible de soulager le veau localement car le produit continue sa progression. Il faut donc arrêter de les utiliser et préférer les fers qui chauffent fort et vite (à gaz).


Après cet exposé pratique où chaque participant a pu constater la facilité d’application, place au bilan : aucun veau n’a beuglé, même les veaux les moins « endormis » ne ressentaient pas l’application du fer à écorner, chaque éleveur a pu réaliser l’anesthésie locale et écorner un veau… le tout dans un calme absolu. Preuve est donc faite qu’avec une bonne contention (chimique en l’occurrence) et une anesthésie locale, l’écornage devient un acte simple, sans douleur et sans stress… tant pour le veau que pour l’éleveur.

C’est peut-être l’occasion de se réconcilier avec cette pratique qui n’enthousiasme ni l’éleveur ni les veaux ?

Pour plus d’informations, téléchargez la plaquette « Ecorner les jeunes bovins efficacement, facilement et sans douleur »  – RMT bien-être animal

Auteur : J. Anderbourg – GDS 54 – Janvier 2020
Sources : Alain DELVAL – Laboratoire Boehringer – Ingelheim ; plaquette «  Ecorner les jeunes bovins efficacement, facilement et sans douleur » – RMT bien-être animal
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Notez que de nouveaux TP seront organisés en février 2020 !