Peste des Petits Ruminants – situation épidémiologique et reconnaissance des signes cliniques

La Peste des Petits Ruminants (PPR) est une maladie virale des caprins et des ovins, non transmissible à l’Homme, qui se caractérise par de la fièvre, des lésions buccales, de la diarrhée, une pneumonie et souvent la mort. Suite à la détection de foyers de PPR dans l’Union Européenne, notamment en Bulgarie, voici une présentation des signes cliniques de la  maladie importants à connaître et reconnaître dans le cadre de la surveillance et la détection précoce de cette maladie exotique si elle émergeait sur le territoire français.

Description de la maladie

La Peste des Petits Ruminants est causée par un virus  apparenté à celui de la peste bovine, de la rougeole et de la maladie de Carré. Lors d’infections naturelles, la PPR affecte les caprins et les ovins. Les bovins atteints n’expriment pas la maladie alors que certains animaux sauvages y sont sensibles.

La PPR est apparue pour la première fois en Afrique de l’Ouest, dans les années 40. Depuis lors, elle s’est propagée vers le nord et l’est du continent africain, a gagné le Proche et le Moyen-Orient et atteint l’Asie du Sud et de l’Est. Le continent européen était indemne de la maladie, à l’exception de la partie européenne de Turquie touchée en 2004. En 2016, la Géorgie a notifié plusieurs cas auprès de l’OIE*.

La PPR est une maladie à déclaration obligatoire auprès de l’OIE qui vise son éradication pour 2030 (http://www.oie.int/fr/pour-les-medias/editoriaux/detail/article/towards-global-eradication-of-peste-des-petits-ruminants/).

Des signes cliniques frustres en dehors des zones d’enzootie

Il est important de garder à l’esprit que les tableaux cliniques décrits ci-dessous sont tirés d’observations dans les zones d’enzootie, sur le continent africain.

La sévérité de la maladie varie selon les espèces, les races et du pouvoir pathogène des souches de virus. Les premières informations sur les foyers détectés en   Bulgarie font état de signes cliniques frustes, et de taux de morbidité et de létalité faibles. Il est à noter que les foyers suivants en Bulgarie ont uniquement été décelés par les analyses virologiques, sur les échantillons prélevés dans le cadre de la surveillance effectuée dans les zones de restriction de 3 et 10 km autour du premier foyer, suggérant une circulation sans signes cliniques notables.

Trois formes cliniques sont décrites ci dessous : le plus souvent la PPR est exprimée sous une forme suraiguë ou aiguë.

→ La forme suraiguë de la PPR

  • Animaux atteints : plus fréquemment chez les chèvres notamment chez les chevreaux nouveau-nés
  • Symptômes :
    • Cas sévères : mortalité brutale (survenant en quelques heures) sans autres signes qu’une forte hyperthermie.
    • Cas moins sévères : mortalité en 5-6 jours ; 1er  signe observé = forte hyperthermie (41-42°C), suivie rapidement par une atteinte de l’état  général (prostration, abattement, poil piqué, anorexie) et l’apparition de jetage et de larmoiement.
    • Les premiers jours, on peut noter de la constipation qui fait place à une diarrhée profuse parfois hémorragique.
    • Les avortements sont fréquents, en lien avec l’état de septicémie hémorragique.
  • Phase d’incubation : estimée à 2 à 3 jours

→ La forme aiguë de la PPR

  • Les premières phases de la maladie sont identiques à celles de la forme suraiguë
  • Symptômes : jetage séro-muqueux devient muco-purulent et obstrue les naseaux, avec une congestion des gencives avec un liseré à la base des dents, des lésions érosives puis ulcératives sur les gencives, la langue, la face interne des joues, le palais et même le larynx.
  • La langue se recouvre d’un enduit blanchâtre nauséabond. Une toux sèche apparaît qui devient   rapidement grasse.
  • Présence de diarrhée inconstante mais pouvant être hémorragique.
  • Avortements fréquents.
  • Évolution : mort en 8-10 jours ou guérison avec immunité durable (à vie).

À RETENIR : Dans les deux cas (formes aigues et suraiguës) la PPR se manifeste souvent par un syndrome pneumo-entéritique avec présence de jetage oculaire et nasal, et des lésions buccales si l’évolution vers la mort n’est pas trop brutale.

A l’échelle du troupeau, ces symptômes forment la base de la suspicion clinique !

→ La forme frustre ou inapparente de la PPR

  • Particulièrement fréquentes dans certaines régions et certaines espèces (ovins) en raison d’une résistance des races locales.
  • Symptômes : Apparition tardive de papules ou de  pustules => à ne pas confondre avec l’ecthyma.
  • La maladie sous sa forme inapparente est découverte à l’occasion d’investigations sérologiques notamment dans les régions Sahéliennes.
  • Evolution : pendant 10-15 jours, avec signes cliniques inconstants

ATTENTION, la PPR peut être confondue avec les maladies suivantes

– Maladies présentes en France métropolitaine

  • Fièvre catarrhale ovine
  • Ecthyma contagieux
  • Pasteurellose, coccidiose

– Maladies exotiques en France métropolitaine

  • Variole caprine / clavelée
  • Fièvre aphteuse
  • Pleuropneumonie contagieuse caprine
  • Cowdriose
  • Fièvre de la Vallée du Rift

D’où l’importance de faire réaliser un diagnostic par un vétérinaire !

Reconnaitre la maladie – signes cliniques

Illustrations : signes cliniques de la PPR sur des animaux en Bulgarie
(photos fournies par Alexander Tsviatko, Bulgarian Food Safety Agency)

Illustrations : signes cliniques de la PPR sur des animaux en Afrique
(Dr Habib Salami, Dr Abdallah Traoré)

Que faire en cas de suspicion ?

Toute suspicion de PPR doit faire l’objet d’un signalement immédiat à la DDPP (Services Vétérinaires) sauf cas très particulier pour lequel un diagnostic d’exclusion est posé avec certitude au moment même de la visite vétérinaire. Au-delà de ce cas très particulier il convient d’informer immédiatement votre DDPP sans attendre d’éventuels résultats d’examens complémentaires !

Les cas de Peste des Petits Ruminants en Bulgarie

Au total en Bulgarie depuis le 23/06/2018, 6 foyers de PPR ont été recensés, impliquant au total 8 élevages.

Derniers cas en date, 4 nouveaux foyers ont été confirmés par le laboratoire de référence de l’Union Européenne le 10 juillet 2018 suite à la collecte d’échantillons au sein des zones de surveillance et protection (rayons de 3 et 10 km autour du premier foyer déclaré). Ces derniers ont impliqué deux élevages d’ovins et deux élevages mixtes (ovins, caprins) de la région de Yambol.

Pour plus d’informations sur la maladie et son évolution : https://www.plateforme-esa.fr/article/nouvelles-declarations-de-peste-des-petits-ruminants-en-bulgarie-point-de-situation-ndeg3.

Illustration ci-dessous : les points rouges représentent les foyers de PPR en Turquie et en Bulgarie déclarés depuis le 01/01/2018 (source: ADNS)

Sources : Plateforme ESA, OIE, GDS France

Date de mise en ligne : 18/07/2018 – archive des actualités